L'affaire du Totonero

Depuis l’été 1978, plusieurs rumeurs font état d’un trafic d’origine mafieuse, qui rongerait le foot italien de l’intérieur. Selon certains journalistes, le Totocalcio (l’équivalent de l’ex Loto Sportif en France, aujourd’hui Loto Foot) serait l’objet de controverses. De l’argent noir circulerait (d’où le nom : Totonero) et certains matches seraient truqués, impliquant les joueurs, pour que les parieurs s’enrichissent à volonté.


Rien n’est encore prouvé, jusqu’à ce que le scandale éclate lors de deux rencontres de la Série A lors de la saison 1979-1980 (Avellino-Pérouse du 30 décembre 1979 et Milan-Lazio du 6 janvier 1980) et sur la base de témoignages de deux commerçants romains, Alvaro Trinca et Massimo Cruciano, qui portent plainte, ulcérés par leurs dernières pertes et qui veulent récupérer l’argent perdu par la voie judiciaire.


À l’occasion du match Avellino-Pérouse, Paolo Rossi est accusé de s’être partagé avec trois coéquipiers la somme de 8 millions de lires pour arranger un match nul. Selon d’autres témoignages, l’attaquant aurait refusé l’argent contre la possibilité d’inscrire deux buts. Paolo Rossi inscrit effectivement deux buts au terme d’une rencontre achevée sur un score de parité (2-2).

Paolo Rossi, star du calcio à cette époque, est l’un des joueurs plus lourdement condamné avec trois années de suspension (il n'en fera que 2). Figurant parmi les joueurs présélectionnés pour disputer le Championnat d’Europe des nations organisés en Italie à la fin de la saison, Rossi menace de quitter le championnat italien et de porter plainte contre la fédération. Mais, sa condamnation par un tribunal civil pour « activités illicites liés aux paris clandestins du football » le prive de son passeport.

Le Milan sera officiellement relégué en Série B, avec une pénalité de 25 points. Certains de ces joueurs sont suspendus : Albertosi (4 ans), Morini (1 an) et Chiodi (6 mois). Le président du club lombard, Felice Colombo, est interdit à vie de terrain de football. La Lazio sera également plongée en seconde division.

Jamais lâché ni par la presse, ni par Enzo Bearzot, le sélectionneur italien, Paolo Rossi reviendra en 1982, quelques mois avant la coupe du monde. Paolo Rossi fera le triplé contre le Brésil de Zico (3-2), deux contre la Pologne de Lato en demie (2-0) et un contre l'Allemagne de Rummenigge (3-1) en finale. Il est le meilleur buteur de la world cup 1982. Il rejoint ensuite la Juventus de Turin de Michel Platini et gagne la coupe des champions en 1985.