jeudi 3 décembre 2009

Les paris truqués asiatiques



Le scandale des matches truqués qui éclabousse l'Europe et la Suisse ne surprend pas Declan Hill. Journaliste indépendant, le Canadien a mené une vaste enquête doublée d'une thèse de doctorat à l'Université d'Oxford qui l'ont conduit jusqu'en Asie, où les triades mafieuses orchestrent ce réseau tentaculaire du marché des paris brassant des centaines de milliards de dollars chaque année.

Le journaliste canadien Declan Hill a plongé dans les méandres mafieux des paris et des matches de football truqués.


Auteur du livre,
Comment truquer un match de foot ?, paru aux éditions Florent Massot, il dévoile les rouages de la machine et lâche une véritable bombe, affirmant que quatre rencontres de la Coupe du monde 2006 ont été truquées. Il déclare dans swissinfo le 25 novembre 2009 : "Plein de nouveaux matches truqués vont être mis à jour dans d'autres ligues européennes, en Angleterre, en Italie, en France et en Espagne... Le football était relativement protégé. Cela dit, arranger une partie est quand même possible. Au minimum, il suffit de corrompre trois ou quatre joueurs de l'équipe la plus faible. Si une équipe faible fait exprès de perdre, personne ne se doute de rien. Ses joueurs sont en principe moins bien payés, donc plus faciles à soudoyer. Même constat pour les grandes compétitions internationales: les plus vulnérables sont les sélections d'Amérique latine, d'Afrique et d'Europe de l'Est".



"Lors de la Coupe du monde 2006 en Allemagne, les quatre matches truqués concernaient le Ghana (contre le Brésil et l'Italie, réd.), l'Equateur (Angleterre) et l'Ukraine (Italie)."


"Dans un pari frauduleux, il y a d'un côté le marché des parieurs, et de l'autre, il y a le monde du foot. C'est très rare que les contacts entre les deux parties soient directs. En clair, il y a des intermédiaires entre les corrupteurs et les joueurs. Ces intermédiaires sont des ex-entraîneurs ou des ex-joueurs qui cherchent à gagner de l'argent une fois leur carrière terminée. Ils jouissent d'une bonne réputation et peuvent facilement appâter leurs proies.


"Lors de mon enquête, beaucoup de choses m'ont étonné, mais surtout ces deux-là. La première, c'est la présence affichée de corrupteurs dans les grands tournois internationaux, comme la Coupe du monde, le Mondial féminin ou le tournoi olympique. La deuxième, c'est la culture du sexe de certains grands clubs européens en faveur des arbitres, un phénomène rencontré ces dernières années et que tous les officiels et les gens du milieu du football connaissaient. Une fois à leur l'hôtel, les arbitres savaient que dans la demi-heure, les filles allaient arriver."


"Ca se passe en Suisse, mais pas seulement. La Belgique, la Finlande ou la Tchéquie connaissent le même phénomène. On a de la peine à croire que des Asiatiques s'amusent à truquer des matches de division inférieur qui se jouent devant 200 personnes à des milliers de kilomètres de chez eux. Mais le marché des paris illégaux est énorme en Asie. Il est estimé à 400 milliards de dollars".


"Ils parient désormais sur certains championnats européens juniors joués par des gosses de 16 ans. J'ai d'ailleurs une anecdote qui résume bien la situation. Je me souviens d'une rencontre en Malaisie avec un gars qui travaillait pour les triades locales. Et ce mec connaissait tout, mais alors tout, du foot... islandais. Un véritable expert : il me récitait les noms de clubs de première division dont je ne connaissais même pas l'existence, mais aussi ceux d'équipes de village de moins de 5000 habitants. Il était également incollable sur le football féminin".






Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire