dimanche 6 décembre 2009

L'affaire Fuentes

L'affaire dite "Puerto" a démarré en mai 2006 avec la découverte de matériel de dopage sanguin et de registres avec les noms codés de plusieurs sportifs. Le docteur Eufemiano Fuentes est soupçonné d'être l'instigateur d'un vaste réseau de dopage.

Selon Le Monde, quatre grands clubs de football espagnols, le Betis Séville, le FC Valence, le FC Barcelone et le Real Madrid auraient eu recours aux services du Dr Fuentes.

Le quotidien français affirmait avoir pour sources "une série de documents confidentiels", soit les plans de préparation du Barça et du Real pour la saison 2005-2006, rédigés de la main du docteur sur une feuille.

Dans une interview publiée par ce journal, le Dr Fuentes avait refusé de répondre à une question lui demandant s'il avait travaillé pour ces clubs: "Je ne peux répondre. On m'a menacé de mort. On m'a dit que si je disais certaines choses, moi ou ma famille pourrions avoir de graves problèmes. On m'a menacé trois fois."

Pas un journaliste n'était aussi allé vérifier les propos tenus par l'ancien cycliste Manzano sur le dopage dans le football. « Dans le cabinet de Fuentes, il y avait des footballeurs issus de grandes équipes, dont le Real Madrid. Le juge en charge de l'affaire Puerto ne m'a jamais fait signe pour m'entendre. S'il me convoque, je lui expliquerai tout ce que je sais: qu'il y avait des footballeurs parmi les clients de Fuentes et qu'ils n'y allaient pas pour se faire prescrire des compléments alimentaires.»



Malgré ces révélations, l'omerta était de rigueur
dans la presse sportive. «On ne mènera une enquête que si on découvre des éléments solides quî en valent la peine», «Ici, on ne sort une info aussi explosive que si elle s'appuie sur des preuves en béton» déclarait José Maria Rodriguez, journaliste au quotidien madrilène Marca. Son argument : les documents fournis par le Monde comme preuve à charge n'apparaissent pas dans le dossier officiel.


Certains, comme le quotidien ABC, ignoraient ces révélations et prétendaient que le lobby français avait déjà mis en cause les victoires de stars nationales telles que le cycliste Miguel Indurain ou le tennisman Rafaël Nadal.

Cette omerta s'explique naturellement. En Espagne, les clubs espagnols sont considérés comme des institutions. Certains, comme le Réal Madrid ou le Barça, font même figure d'instance morale. Ils sont souvent utilisés comme l'image de marque à l'étranger de l'Espagne pour le Réal ou de la région catalane pour le FC Barcelone.

Apparemment, la culture du secret est loi aussi pour la plupart des supporters qui veulent conserver la beauté de leur foot. Dans une pena du Real Madrid, José, un madridista depuis trente ans déclarait «Ca me fend le coeur de voir comment certains journalistes veulent tuer la magie du foot. Nous, on ne veut pas savoir ce qu'ils prennent, on s'en fiche. On veut du spectacle et voir jouer nos couleurs.»


Néanmoins, l
es affaires de la Juventus et l'affaire Fuentes impliquent des systèmes organisés et collectifs, à l'échelle des clubs, alors que les minimiseurs du dopage n'admettaient que l'éventualité de pratiques individuelles il y a encore peu de temps. Par rapport au championnat anglais, Marcel Desailly et Emmanuel Petit s'était dit totalement convaincu que le dopage existait dans le football, mais de manière individuelle et non collective.

En Espagne, l'embarras était quand même de mise : après Didier Deschamps et Zinédine Zidane dans le contexte de la Juventus, c'est de nouveau Zidane qui pouvait être concerné en tant que Madrilène. L'ancien numéro 10 n'a décidément pas de chance, entre ses déclarations sur la créatine, les soupçons sur la Juve 1995-1998, l'affaire Fuentes et la "gaffe" de Johnny Halliday. Le chanteur avait ingénument déclaré sur Canal+ que son ami Zazie allait deux fois par an dans une clinique en Suisse, pour s'y faire oxygéner le sang. Zidane avait aussi démenti le témoignage du cycliste français Erwan Menthéour, lequel avait affirmé avoir croisé le footballeur chez le Dr Ferrari, médecin mis en examen pour administration de produits dopants.




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